Historique :
Jusqu’à l’annexion de l’Alsace-Moselle à la prusse (1870-1918), l’Ill était fréquentée par des Illnache de 18 mètres de long.
Guillaume II décida de soutenir l’industrie textile : les filatures qui situées aux bords des rivières étaient grandes consommatrices d’eau. Pour y amener l’eau, des barrages en grès furent construits, souvent à l’emplacement d’anciennes retenues en pieux qui deviaient déjà l’eau vers les anciens Muhlbach (rivière à moulin).
Malheureusement, ces nouveaux barrages laissent pas passer ces fameux Illnache de l’Ill.
Le déclin de la batellerie s’en est alors suivit bien logiquement.
Jusqu’à la seconde guerre mondiale, le calfat était inscrit à la chambre des métiers d’Alsace en tant que « constructeur de vaisseaux ». L’utilisation des dernières barques par les pêcheurs, tireurs de graviers et paysans est de plus en plus restreinte elle est même devenue anecdotique, suite à la modernisation des moyens de transport après-guerre.
Bien heureusement, ce savoir-faire a été perpétué jusqu’à nos jours.
La fabrication :
La barque à fond plat traditionnelle de l’Ill ou du Rhin est fabriquée à partir de planches de sapin et de pin sylvestre prélevées dans les collines sous-vosgiennes ou dans la forêt de haguenau.
Les traverses du fond (nole) et les seuils des extrémités (Schorbratt) sont eux en chêne pédonculé plus favorable pour les bois tords (Krummholz ougewachsenirange) du houppier. Ces bois courbés naturellement sont ensuite sciés et équarries suivant les lignes du bois.
Dans un premier temps, le calfat assemble les planches du fond en clouant les traverses perpendiculairement. Les extrémités sont cambrées en forme de cuillère par l’action de vapeur assouplissant le bois. L’opération se réalise grâce à un cric à manivelle alors que le fond est maintenu fermement par des tréteaux et des étais.
Des avant-trous sont perçés dans les planches à intervalles réguliers puis des clous de bateau (Schiffnägel) y sont enfoncés. Entre les planches, des joints en roseaux (Typha latifolia) permettent d’étanchéifier la barque.
La fixation des courbes vient en dernier et chaque courbe doit s’adapter parfaitement sur le bord et le fond.
La dernière opération consiste à réaliser la couture du fond. La barque est tournée et les joints sont élargis grâce à une serpette (Rabmasser). L’entaille est ensuite bourrée de mousse des marais (sphaigne) à l’aide d’un bois à calfater (moos strüwel) et du maillet à mousse (moosklipfel). Le joint est ensuite recouvert à l’aide d’une baguette de troène (Tintebeerle) ou de cornouiller (Hertreila) en la fixant avec des cavaliers (Hafte) à intervalles réguliers.
Les différents types de barques fabriquées étaient les Illnache, Weidling,Dreibord pour l’Ill.
Sur le Rhin, naviguaient des Schnieke, Lautertanne ainsi que des trains de bois.
La demande est actuellement réduite puisque les métiers qui utilisant directement ces embarcations se sont réduits ou éteints. Il reste toutefois des personnes adeptes de la barque plate en bois malgré le développement intensif des barques en plastiques aux couleurs souvent criardes
Le métier de calfat ou calfeutrier
(littéralement « étanchéifier une embarcation ») est très ancien en Alsace et remonte au Moyen-Age. Il était étroitement lié aux anciens métiers liés à l’eau : bateliers, pêcheurs, meuniers, paysans qui faisaient leur commerce sur l’Ill et le Rhin.
L’Ill devenait navigable seulement depuis Colmar (Ladhof) et on commençait à commercer depuis cette ville vers Strasbourg et la Mer du Nord en passant par Sélestat (Ladhof), Benfeld, Erstein…
Ainsi, ce sont installés au bord de l’eau ces calfats à Illhaeusern, Rathsamhausen, Ebersmunster, Erstein, Strasbourg, Munchhausen .
Le métier dispensé par un Brevet de Compagnon et un Brevet de Maîtrise a disparu suite à la seconde guerre mondiale ; les moyens de transport se modernisant, on n’a plus guère eu l’utilité de barques en bois sachant que le plastique et la fibre de verre moulé en série a commençé à être en vogue.
Patrick UNTERSTOCK a été initié par une personne du Ried à ce métier qui consiste à fabriquer des barques, les réparer ainsi qu’à effectuer tous les objets inhérents à la manipulation d’une embarcation suivant son utilité : pêche, loisirs…
Ce métier requiert une grande connaissance du bois cherché dans les Vosges ou dans la forêt de Haguenau, son choix, sa coupe au cours de l’année, des clous, des roseaux, de la mousse…
Un véritable parcours du combattant pour trouver les matériaux originels dans un monde actuel où tout est standardisé.
Dans son atelier à Muttersholtz-Ehnwihr près de l’Ill, Patrick UNTERSTOCK essaie de pérenniser cette tradition séculaire et produit sur commande des barques plates dans le respect de l’esthétique halieutique.
«Je réalise sur commande des barques totalement fonctionnelles de 5 à 12 mètres de longueur ainsi que les accessoires : viviers, rames, écopes…»
Je ferais tout pour que ces barques en bois aient toujours un bel avenir
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